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Le savoir-faire à l’honneur

 

Pleins feux sur les lauréats de la 29e édition des Rubans du Patrimoine.
En avant-première à la cérémonie officielle de remise des prix, Action vous présente les cinq prix nationaux. 


 


Ce concours, organisé en partenariat avec l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité, la Fédération Française du Bâtiment, la Fondation du patrimoine, la Fédération nationale des Caisses d’Epargne et le Groupement français des entreprises de restauration de Monuments Historiques, récompense chaque année des communes et des intercommunalités ayant réalisé des opérations de restauration ou de mise en valeur de leur patrimoine bâti.

Les jurys régionaux et le jury national ont pris en compte les critères suivants : intérêt et valeur du patrimoine considéré, cohérence esthétique et architecturale, matériaux et organisation du chantier, qualité de la mise en œuvre, retombées de ces opérations d’un point de vue social, économique, culturel, environnemental et touristique, audace de l’opération et mobilisation populaire.

La cérémonie officielle de remise des prix nationaux se déroulera début novembre au Salon international du patrimoine culturel à Paris.

Points communs à chacun de ces projets récompensés : la prise en compte de la richesse patrimoniale et architecturale des sites et la qualité des chantiers de réhabilitation menés par les artisans et les entreprises du bâtiment.
 

Rubans du patrimoineRubans du patrimoine

La restauration du théâtre à l’italienne à Dole dans le Jura

Le théâtre de Dole bâti sur le modèle des théâtres à l’italienne, est inauguré en 1843. La salle comprenait à l’origine environ 700 places réparties sur quatre niveaux, du parterre au “poulailler”. Le plafond de la grande salle est orné de huit tableaux peints sur toile, représentant des allégories : musique, chant, danse, comédie, tragédie, drame, poésie et peinture. Un foyer, installé au premier étage et orné de peintures décoratives allégoriques, offre une salle lumineuse flanquée d’un hémicycle et ouvrant sur la façade principale par une loggia. L’extérieur du monument est de style néo-Renaissance.

Occupé et détérioré lors de la Première Guerre mondiale, le théâtre est rénové en 1923. La première phase de travaux a concerné la restauration des extérieurs et du clos-couvert du théâtre. Les charpentes du bâtiment ont été inspectées et restaurées lorsque c’était nécessaire(demi-coupole du foyer, coupole de la grande salle, charpentes de l’avant-corps d’entrée). La toiture en ardoise a été restaurée, ce qui a permis de lutter contre les infiltrations qui dégradaient le théâtre. Les façades ont également fait l’objet d’une attention particulière : reprise des enduits, nettoyage des lichens et micro-gommage des pierres. Les pierres de taille trop altérées ont été remplacées. La seconde phase de travaux a porté sur la totalité des intérieurs (peintures, sols, décors muraux, scène, matériel technique).

Les massifs soutenant la scène, autrefois en moellons, ont été remplacés par des structures en béton armé, plus stables. La pente de la scène, caractéristique du théâtre à l’italienne, a été restituée pour offrir une expérience optimale au public. Le confort des spectateurs a été privilégié, en remplaçant l’ensemble des sièges du théâtre ; le nombre de places assises s’élève aujourd’hui à près de 400. Une campagne de sondages stratigraphiques a permis de retrouver les couleurs originelles du théâtre et de lui rendre son éclat du XIXe siècle.

Certains des équipements scéniques historiques tels que les passerelles de circulation, mâts de chariot sur costière, cheminées de contrepoids, ponts de singe ont été conservés et restaurés comme des témoignages des pratiques anciennes du spectacle. Ce chantier a permis de restituer le lieu dans son état originel, tout en l’adaptant aux normes actuelles et aux scénographies contemporaines. Depuis fin 2021, des spectacles sont à nouveau programmés dans ce théâtre à l’italienne qui a retrouvé son lustre d’antan.
 

 

Rubans du patrimoineRubans du patrimoine

La restauration de la maison seigneuriale sur le lieu du Castet à Sainte-Christie-d’Armagnac dans le Gers

Le cœur du village de Sainte Christie d’Armagnac est situé sur une colline anciennement fortifiée appelée Castet. Sur ce site occupé depuis le Xe siècle, du fait de la présence d’une motte féodale, un rempart du XIIe siècle en terre crue de 5 mètres de haut unique en Europe est conservé, sur lequel s’appuie une maison à pan de bois du XVe siècle. Il s’agit d’une maison seigneuriale ayant appartenu à la maison des Armagnacs. Elle abrite des décorations peintes du XVe siècle.

L’opération de restauration et de stabilisation du logis seigneurial a concerné uniquement les façades extérieures de la maison. Cette opération avait pour but de préserver l’intégrité de la structure et d’empêcher davantage sa dégradation. La réalisation du mur en terre crue a nécessité le réemploi de terre locale pour une partie du muret des torchis de remplissage des faces nord, est et sud. Les seuils de portes ont été rénovés avec des blocs de schiste et de grès. Le bois utilisé pour la restauration, notamment des tenons, mortaise, corbeau, closoir et cornique, est du chêne de récupération. Des travaux de rénovation sur le balcon, la façade, la charpente et le toit ont également été effectués.

La restauration de la maison à pan de bois, ainsi que d’une partie du mur en terre, a permis de sauvegarder durablement le bâtiment. Le logis sera aménagé afin d’installer un centre d’interprétation ou muséographique, un lieu d’exposition thématique et temporaire.
 

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La restauration du manoir du désert et d’une dépendance à Honfleur dans le Calvados

Le Manoir du Désert a été construit à la fin du XVe siècle sur un plateau dominant l’estuaire de la Seine, à 1,5 km du centre-ville de Honfleur, pour le compte des frères Le Danois, armateurs-avitailleurs honfleurais qui tiraient leur richesse du négoce maritime. Ces derniers disposaient de terres partiellement recouvertes par la forêt, sur la côte Vassale, qu’ils défrichèrent et sur lesquelles ils construisirent un Manoir qu’ils nommèrent le Désert.

À cette époque, on trouvait autour de celui-ci une ferme avec un four à pain, une pommeraie, un pressoir, des écuries, des greniers à foin… L’édifice est représentatif de l’architecture noble des XVe et XVIe siècles et présente l’intérêt d’avoir préservé certaines de ses dépendances, ainsi qu’une partie de son mur d’enceinte, permettant ainsi de visualiser ce qu’était l’ensemble manorial. Les matériaux mis en œuvre, son étage à pans de bois construit sur un rez-de-chaussée à damier de calcaire et de silex et sa silhouette si particulière témoignent des savoir-faire et de l’importance de cet édifice à l’époque.

Ce véritable joyau de l’architecture normande était depuis de nombreuses années dans un état assez préoccupant qui nécessitait de lourds travaux de restauration. La ville a donc souhaité sauver ce bâtiment. La restauration a concerné essentiellement le clos et le couvert du bâtiment, ainsi que deux dépendances : restauration de la charpente en combles et des coursives, des pans de bois, de la tourelle, des planchers et solivages, de la charpente de la grange, des couvertures du manoir, des menuiseries, des bardages et reprise des couvertures des communs.

Le Manoir du Désert constitue un nouveau point d’intérêt pour la découverte patrimoniale et paysagère de la ville. Le site fera également l’objet d’une valorisation écologique avec l’installation voisine d’un projet de permaculture et d’arboretum destiné à alimenter les cantines scolaires.
 

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La réhabilitation de la friche industrielle “Port-Boinot” à Niort dans les Deux-Sèvres

Le site de “Port-Boinot” doit son nom à une chamoiserie fondée en 1881 à Niort par Théophile Boinot, un négociant en laine. De nombreux bâtiments sont construits durant le XXe siècle, répondant à la modernisation et à la diversification des activités (mégisserie, chamoiserie, ganterie, bonneterie).
Parmi eux, le château d’eau ou encore l’agrandissement du logement patronal édifié vers 1900. L’entreprise Boinot finit par déposer le bilan en 1996 et ferme définitivement ses portes en2005. Le site devient une friche industrielle.

Consciente du potentiel de ce site, la ville de Niort entame en 2015 un processus de recomposition urbaine, paysagère et patrimoniale. L’enjeu affiché est multiple : il s’agit de dépolluer le site mais aussi, de le reconnecter à la géographie du fleuve, à son territoire, à sa ville, tout en gardant une trace de son activité passée et d’y implanter des équipements publics.

Le programme permet la reconversion des 25 000 m² de friches industrielles en un vaste espace paysager et la réhabilitation de 1 440 m² de bâtiments, dont le séchoir, les hangars, le château d’eau et les bassins de décantation. Le séchoir est conçu pour sa seconde vie comme un lieu d’accueil, d’information et de médiation sur l’histoire et l’architecture de Niort et de son agglomération.

Les anciens hangars sont quant à eux convertis en espace d’exposition et café-concert. Situés entre les Ateliers du port et la Sèvre naturelle, les anciens bassins de traitement des peaux sont transformés en bassins botaniques et évoquent la végétation du Marais Poitevin.
 

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La restauration de la chapelle de Seigne à Bléré en Indre-et-Loire

La chapelle de Seigne est située au cœur du jardin public de la commune. Son décor sculpté est d’une très grande qualité et correspond parfaitement à ce qui se faisait dans les années 1525 dans la vallée de la Loire. Il est agrémenté de références à l’artillerie, témoignant de la fonction du commanditaire, Guillaume de Seigne, à qui cet édifice est dédié. La chapelle est classée Monument Historique dès 1875. 

Les travaux avaient pour objectif principal de reprendre les murs gouttereaux en mauvais état et de reconstituer la balustrade et le lanternon qui couronnait à l’origine cette chapelle funéraire. Quatre gargouilles cassées ont été remplacées après modélisations réalisées à partir des éléments restants. Les vitraux qui dataient du début du XXe siècle, très endommagés, ont tous été remplacés dans l’esprit du XVIe siècle. Un éclairage nocturne vient mettre l’édifice en valeur.

En ce qui concerne l’intérieur, un nettoyage approfondi des pierres a été nécessaire en raison des dégradations dues aux remontées telluriques. En revanche, aucune reprise de pierre n’a été faite.
Des visites de la chapelle rénovée sont possibles sur rendez-vous et à l’occasion des Journées du patrimoine. Grâce aux travaux de restauration, les passants redécouvrent ce monument remarquable.
 

Egalement au Palmarès 2023

PRIX RÉGIONAUX
. La restauration de la toiture de l’église médiévale à Limours-en-Hurepoix (Essonne)
. La restauration de la façade occidentale du portail, des sculptures et du clocher de la basilique Notre-Dame-de-la-Bonne-Garde à Longpont-sur- Orge (Essonne)

PRIX DÉPARTEMENTAUX
. La restauration du lavoir du Pré Coquet à Vaux-sur-Seine (Yvelines) La restauration du décor peint du chœur de l’église Saint-Clodoald à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine)
. La réhabilitation de la chapelle de la ferme de la Fossée en vue de créer une salle d’exposition à Sevran (Seine-Saint-Denis)
.  La restauration de la grille du parc Montanglos au fil des siècles à Santeny (Val-de-Marne)
. La création d’un parc de stationnement sous les jardins de la ville, reconstitution du parc public et restauration des Casemates à Pontoise (Val-d’Oise)