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Un voyage dans le temps !

À deux heures de Paris, l’espace d’une journée, plongez au cœur du Moyen Âge pour découvrir un chantier de construction unique.
Avec, grâce à l'APAS-BTP, des tarifs préférentiels sur les billets d'entrée !  

 
J'en profite !
chantier de guédelonchantier de guédelon

Qui ne s’est jamais interrogé en visitant un monument sur les techniques de construction des bâtisseurs médiévaux ? D’où venaient les matériaux ? Comment étaient-ils acheminés ? Quels outils étaient utilisés ? Par quels procédés les bâtisseurs montaient-ils les lourdes charges ?

Une visite au chantier médiéval de Guédelon, dans l’Yonne, vous permettra de lever le voile sur les nombreux secrets des bâtisseurs. Tout est parti d’un projet fou lancé par un petit groupe de passionnés d’histoire et de construction. Alors qu’une étude archéologique réalisée sur le château de Saint-Fargeau révéla un château du Moyen Âge englouti sous les briques rouges, une idée surgit : “Et si on bâtissait un château fort comme au Moyen Âge ?”.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Enfin presque. Une association se constitue (devenue depuis une entreprise) et se met au travail. Il faut trouver un lieu, convaincre les administrations, obtenir les autorisations nécessaires, recruter les premiers oeuvriers... Un site naturel regorgeant des principales matières premières nécessaires à la construction : la pierre, le bois, le sable, la terre, l’eau, est trouvé en forêt Guédelon. Le nom du chantier est trouvé. Le permis de construire est déposé en 1997. Le chantier ouvre au public en 1998.

Depuis, chaque année, du mois d’avril au mois de novembre, les oeuvriers bâtissent sous vos yeux, un château fort du 13e siècle. Carriers, tailleurs de pierre, maçons, bûcherons, charpentiers, forgerons, tuiliers, charretiers, vanniers, jardiniers…, transforment et valorisent la pierre, le bois, la terre présents sur le site pour vous livrer les secrets des bâtisseurs du Moyen Âge.

le chantier de Guédelonchantier de guédelon

Venez voir, vous comprendrez

Aujourd’hui, Guédelon compte plus d’une soixantaine de salariés dont une quarantaine œuvre directement à la construction du château. Certains sont arrivés diplômés et qualifiés ; d’autres ont été formés “sur le tas”. En transformant et en valorisant les matières premières, ces bâtisseurs hors du commun redonnent vie à des savoir-faire ancestraux et redécouvrent des techniques oubliées. Ce sont aussi des passeurs de savoir.

Sur ce chantier ouvert au public, chaque oeuvrier doit à la fois maîtriser son métier et le faire partager aux visiteurs. L’enceinte fortifiée, le logis et ses charpentes, la chambre et ses peintures murales, la cuisine et le cellier, les salles de tir et leurs imposantes voûtes d’ogives, la chapelle, la moitié du chemin de ronde ont été réalisés sous les yeux de milliers de visiteurs venus découvrir ce chantier unique au monde.

À l’heure où les maîtres mots sont nature et écologie, Guédelon est aussi un espace de construction où le Moyen Âge donne de nombreuses pistes pour les constructeurs verts de demain. Le chantier est précurseur ; les oeuvriers vous diront tout sur les murs en torchis, l’assemblage de moellons, les murs à la chaux, la fabrication des tuiles de terre ou de bois, l’emploi des pigments naturels, le tressage des cordes de lin ou de chanvre, l’utilisation des plantes tinctoriales et les secrets des plantes de nos jardins médiévaux.

De saison en saison, les femmes et les hommes de Guédelon relèvent un défi hors normes. En vous rendant sur place, vous découvrirez aussi comment ce chantier issu de l’histoire répond à bien des attentes des hommes et des femmes du 21e siècle !

Au programme de la saison 2022 : les tailleurs de pierre et maçons poursuivent les travaux sur la porte entre deux tours et attaquent le niveau supérieur de cette entrée principale pour préparer le montage de la herse.

L’APAS-BTP vous permet de bénéficier de tarifs préférentiels sur les billets d’entrée au Château de Guédelon.

chantier de guédelonchantier de guédelon
chantier de guédelonchantier de guédelon

Un laboratoire à ciel ouvert

Le chantier est placé sous la conduite de Florian Renucci : le maître d’œuvre.
C’est lui qui assure les plans d’exécution et la mise en œuvre des ouvrages. Il veille également au réalisme historique, architectural et archéologique du chantier médiéval. Action l’a rencontré à l’occasion de cette 25e saison de travaux.


Action : Quels sont les grands chantiers de cette saison 2022 ?
Florian Renucci  : Nous travaillons cette année sur la porte entre deux tours, c’est l’entrée du Château. Pour rappel, nous avons placé la construction de notre château au début du 13e siècle. Selon notre calendrier, nous sommes en l’an 1253 et nous adaptons nos travaux sur les modèles de l’époque, à l’image de l’enceinte de Philippe-Auguste, du Louvre et des chantiers royaux de Carcassonne et d’Aigues-Mortes. Sur cette base, Guédelon adoptera de manière beaucoup plus sobre et économique, ce genre de porte en arc brisé. Les maçons réalisent le dessus de cette tour où se situera la salle de manœuvre de la herse. Dans le même temps, ils vont terminer une tour d’angle, la tour du pigeonnier, pour que les charpentiers, et c’est l’autre grand moment de cette saison, construisent une charpente en poivrière qui a une forme de chapeau pointu conique.

Action : Comment expliquez-vous l’engouement du public ?
Florian Renucci : Notre philosophie c’est  "construire pour comprendre". Le lieu est conçu pour que les visiteurs se retrouvent à partager la vie quotidienne d’oeuvriers et d’artisans qui construisent devant eux un château fort du 13e siècle mais avec les outils et les techniques de l’époque. Et surtout, et cela depuis 25 saisons, en transformant les matériaux et les gisements du site. La terre et le sol sur lesquels marchent les visiteurs sont notre matière première. C’est le magasin du Château. Ce que l’on a finalement découvert sous prétexte de construire un château, et c’est aussi ce qui est remarquable ici,  c’est tout simplement comment, avec des techniques maintenant bien identifiées, on transforme la pierre, la terre, le bois en un château fort. Et tout cela se fait en direct devant les visiteurs.  

le chantier de Guédelonle chantier de Guédelon

Action : Il faut en effet le rappeler, cette proximité ne se retrouve sur aucun autre chantier de construction. C’était et cela reste une priorité ?
Florian Renucci : Nous pensons à la fois la sécurité des oeuvriers et à celle des visiteurs. Les postes de travail sont organisés de telle manière à ce que les visiteurs, à portée de voix, puissent dialoguer, observer et prendre des photos. Dans les parties finies, par exemple, ils se déplacent dans les salles et vont au contact de certains postes de maçonnerie en circulant déjà sur des morceaux de courtine. À l’extérieur, ils peuvent voir tous les ateliers : carrière, charpente, tuilerie, forge, atelier des couleurs, où l’on va créer et tamiser l’ocre pour obtenir une palette de 16 couleurs. Les visiteurs observent aussi les charretiers et les chevaux qui alimentent les différents sites et qui sont les engins de chantier de l’époque. Partout, ils peuvent dialoguer avec celles et ceux qui travaillent et transforment la matière.

Action : L’implication, la disponibilité vis-à-vis des visiteurs et la ténacité des “bâtisseurs” que vous êtes demeurent une énigme. Comment faites-vous pour garder cet état d’esprit ?
Florian Renucci : Nous avons la chance d’exercer des métiers passions ! Plus qu’un travail, il s’agit de s’interroger sur les métiers de la construction en se posant la question : comment faisaient-ils avant le monde industriel. Pour tous les corps de métiers c’est un approfondissement des techniques, une redécouverte des outils que l’on peut trouver dans un vide-greniers ou qu’un antiquaire vous vendra pour accrocher aux murs. Nul doute que les professionnels du BTP, les bâtisseurs, apprécieront. Que cela soit pour équarrir des pièces de chênes à la hache ou à la plane en partant des grumes de bois ou les coins minces des carriers qui permettent d’ouvrir les rochers, ici, la totalité de l’outillage traditionnel est en fonctionnement.

Action : Que diriez-vous à des personnes qui ne connaissent pas encore le site, pour les inciter à venir vous rendre visite ?
Florian Renucci : Guédelon est un lieu unique où les visiteurs entrent dans l’histoire. Nous avons voulu qu’il n’y ait pas d’autres médiations que les ouvriers eux-mêmes. C’est sans doute le seul endroit au monde où les visiteurs sont de plain-pied avec des artisans qui leur parlent et qui peuvent leur exposer leurs techniques, les problèmes rencontrés et en même temps leur communiquer des informations sur le chantier. Guédelon est un peu une toile où se vivent en permanence des échanges. De plus, la double culture de Guédelon, "construire pour comprendre”, fait que chaque visiteur a rendez-vous avec le temps. Nous avons le temps pour réessayer des techniques, recommencer des fours jusqu’à obtenir des bonnes performances de fonctionnement. Ce temps, nous l’avons grâce aux visiteurs qui financent le projet en venant nous voir. Cela nous permet d’aller plus loin dans l’authenticité des gestes, dans le maniement des outils, de renouer et de redécouvrir une véritable filière de travail. Cela produit des données qui sont captivantes pour le grand public mais aussi pour le monde scientifique.

 

le chantier de Guédelonle chantier de Guédelon

L’Internet médiéval !

Pour les 20 ans du chantier, Maryline Martin, la Présidente et Co-fondatrice de Guédelon avait confié au Journal du Centre son enthousiasme et son désir de sensibiliser encore plus le jeune public.
 

Nous avons encore plein d’histoires à raconter. On veut construire un bourg. Nous avons lancé la production de légumes et de fruits. Nous possédons nos ruches. Surtout, nous travaillons sans relâche sur la transmission orale entre les bâtisseurs, les visiteurs, les jeunes. Sur cette thématique de communication, je n’ai pas peur de dire que nous avons une longueur d’avance sur tout le monde : les tablettes c’est bien, mais ça reste froid, lisse. Nous sommes dans le réel, le regard, la poignée de main. Ici, c’est l’internet médiéval ! Nous sommes fiers aussi d’avoir “relooké” des métiers, comme celui de maçon par exemple. Souvent, on envoie un enfant en maçonnerie par défaut. Nous, on lui transmet la passion. C’est le métier clé du moyen-âge, des bâtisseurs de cathédrale. La transmission s’est faite par les maçons, du maître à l’apprenti...