Patrimoine : restaurer pour préserver
Les lauréats de l’édition 2021 du concours "les Rubans du Patrimoine" ont été récompensés.
Une fois de plus, c’est le savoir-faire, l’ingéniosité et la dextérité des bâtisseurs, tous corps de métiers confondus, qui ont été mis à l’honneur.


Ce concours est organisé en partenariat avec l’Association des maires de France, la Fédération Française du Bâtiment, la Fondation du patrimoine, la Fédération nationale des Caisses d'Épargne et le Groupement français des entreprises de restauration de Monuments Historiques. Il récompense des communes et des intercommunalités ayant réalisé des opérations de restauration ou de mise en valeur de leur patrimoine bâti. Les jurys régionaux et le jury national ont pris en compte les critères suivants : intérêt et valeur du patrimoine considéré, cohérence esthétique et architecturale, matériaux et organisation du chantier, qualité de la mise en œuvre, retombées de ces opérations d’un point de vue social, économique, culturel, environnemental et touristique, audace de l’opération et mobilisation populaire.
Cette année, le jury a décerné 6 prix nationaux, 14 prix régionaux et 47 prix départementaux.
En avant-première à la cérémonie de remise des prix nationaux qui se déroulera le 8 décembre à la FFB, Action vous en dit plus sur les lauréats des Prix nationaux et sur toutes les techniques mises en œuvre par les différents corps de métiers du BTP.


Prix national
La Restauration extérieure du chevet de l'abbatiale Saint-Pierre à Beaulieu-sur-Dordogne en Corrèze (communes et intercommunalités de moins de 3 500 habitants).
L’abbatiale Saint-Pierre, classée Monument Historique, est un fleuron du patrimoine architectural du Limousin. Le porche Sud abrite notamment un tympan roman remarquable. Sa construction, œuvre des moines clunisiens, date de 1100 avec le chevet, le transept et la dernière travée de la nef. Elle continue au cours du XIIe siècle par la nef, les dernières travées du bas-côté Nord, le bas-côté et le portail Sud, pour s’achever au début du XIIIe siècle avec les premières travées du collatéral Nord et le massif occidental. L’opération primée cette année s’inscrit dans le prolongement de différents chantiers menés depuis 1998 pour remédier au mauvais état général des couvertures, l’état préoccupant des parements extérieurs et des sculptures. La dernière tranche de travaux concerne la restauration extérieure du chevet (maçonneries et décors sculptés, toitures et vitraux). «L'abbatiale était posée sur du béton, explique-t-on du côté des Monuments historiques. Le poids très important de ce toit entrainait des désordres structurels. Les sondages archéologiques ont permis d'établir que la toiture d'origine était en "tuiles creuses à l'antique". La nouvelle toiture a été refaite semblable à celle d’origine. Les tuiles ont été fabriquées de manière artisanale, pratiquement sur mesure dans des moules en bois."


Prix spécial du jury
La restauration de l'église Saint-Vincent au Mesnil-le-Roi dans les Yvelines. (photo de gauche)
Par son étonnante architecture, le bâtiment procure un sentiment d'inachevé : si le chœur et le transept portent la marque du gothique flamboyant, la nef, sans doute plus tardive, apparait anachronique. Construite en moellons tendres du pays, la structure a subi de nombreuses dégradations au cours du temps. C’est l'épicentre d'un quartier chargé d'histoire. Les travaux, menés par des artisans du BTP passionnés par leurs métiers, ont consisté à purger, nettoyer les parements en pierre de taille et à dégarnir les joints. Les pierres les plus abimées ont été changées, confortées par un coulis de chaux. Les travaux intérieurs ont porté sur la reprise des fissures, la consolidation des maçonneries internes désorganisées, la restauration des arcs et voutes, des parements intérieurs et enduits.
Prix spécial du jury
La Restauration intérieure de l'église Saint-Florentin à Bonnet dans la Meuse. (photo de droite)
La valeur historique, historiographique, artistique et les techniques des peintures de l’église composent un ensemble unique. La maçonnerie de l’édifice est en pierre de taille et moellons. La lumière se répand par de grandes baies gothiques aux vitraux colorés. Le sol est constitué d’un dallage en pierre. La couverture est en tuiles plates pour la nef et le transept. Les toitures du chevet et du clocher sont en ardoises. Le chantier récompensé par les Rubans du Patrimoine visait à stabiliser la structure, garantir l’étanchéité de l’édifice et traiter les intérieurs.


Prix national
La Condition Publique à Roubaix dans le Nord (Prix spécial dynamisme territorial).
Construit en 1902, cet ancien site de conditionnement textile de 10 000 m² se caractérise par une longue façade de 244 m. Sur les longs quais intérieurs situés de part et d’autre de la rue couverte, les balles de laine étaient déchargées et rechargées avant l'expédition pour l'usinage. En 2004, l’édifice a été réaménagé et réhabilité pour devenir une manufacture culturelle. La verrière surplombant la rue a été remplacée, les façades et les menuiseries restaurées, le pavage repris. Les façades, les chéneaux et les menuiseries de la rue Monge ont également été restaurées. Pour la Métropole Européenne de Lille : «la restauration de ce bâtiment emblématique renforcera ses atouts touristiques.»


Prix national
La reconversion de l'Aître Saint-Maclou, Métropole Rouen Normandie en Seine-Maritime (Communes et intercommunalités de plus de 20 000 habitants).
Situé en plein centre-ville de Rouen, l'Aître se positionne à la limite Est de l'axe touristique majeur de la ville qui passe par l’église Saint-Maclou, l’archevêché (avec l’Historial Jeanne d’Arc), la cathédrale Notre-Dame, le Gros Horloge jusqu’à la place Jeanne d’Arc à l’Ouest. L’Aître Saint-Maclou constitue un exemple unique d’ancien cimetière charnier du XVIe siècle conservé en Europe. Il tire son nom du vieux français "aître", issu du latin atrium, qui désigne la cour intérieure placée à l’entrée d’une maison romaine. Par extension, le cimetière placé très souvent à l'entrée de l'église prend naturellement le nom d’aître. La première mention écrite du site remonte à 1362. Pour les élus de Métropole Rouen Normandie : «cet édifice emblématique a su évoluer et s’enrichir au fur et à mesure des siècles en s’adaptant à ses nouvelles fonctions successives ou concomitantes : funéraire, scolaire dès le XVIIe siècle, puis un temps industriel, pour redevenir scolaire. Pendant 120 ans, l‘Aître a connu une cohabitation cimetière/école qui a profondément marqué son histoire, son architecture et son identité. Cette rareté a motivé sa protection par le classement au titre des Monuments Historiques. Occupés par l’école des Beaux-Arts de 1940 à 2014, les bâtiments restent désaffectés jusqu’au lancement des différents chantiers de restauration." Les travaux primés en 2021 visaient à restaurer la totalité des façades, toitures, décors, structures et intérieurs de cet ensemble patrimonial de grande qualité et à réaliser l’aménagement des intérieurs en vue de ses nouvelles affectations. Le monument demeure ouvert à tous et débute une nouvelle vie.


Prix national
La reconversion de l'ancien couvent des Rédemptoristines en Ecole d'Arts et de Musique à Riom dans le Puy-de-Dôme Communes et intercommunalités entre 3 500 et 20 000 habitants.
Couverte d’un toit d’ardoise, la chapelle néo romaine du bâtiment se compose d’une nef de trois travées voûtées en berceau plein-cintre sur arc doubleaux et un cœur voûté d’ogives à chevet plat. Sa façade présente un portail animé de deux voussures à arc plein cintre et un tympan orné d’un bas-relief en pierre calcaire. "La reconversion de l’ancien couvent traduit un projet contemporain de réutilisation et la reconnaissance du site, expliquent les responsables du chantier. Une grande partie des matériaux est préservée, restaurée et mise en avant, associant une mise en œuvre conséquente de matériaux isolants sains et traditionnels tels que la laine de bois et la mise en œuvre d’enduit à la chaux, répétant ainsi les savoir-faire d’antan. L’atrium qui a été créé, coiffé d’une imposante verrière d’une surface de 220 m², abrite le point de convergence du projet : un vaste hall d’accueil redessine le tracé de l’ancienne cour et souligne l’élégance des façades du XIXe retrouvées. Un nouveau volume en béton blanc vient dialoguer dans ce nouvel espace, affichant une façade de lames en pierre de Volvic suspendues.
Aujourd’hui, trois équipements ont intégré les lieux : une médiathèque, un cinéma de trois salles et les écoles municipales d’arts plastiques et de musique. Deux jardins thématiques ont également été aménagés. Subtil mélange entre rénovation des bâtiments existants et constructions neuves, cette réalisation s’intègre parfaitement dans le cadre historique du quartier et permet de développer l’offre culturelle à l’échelle de la ville et de l’agglomération.
Prix Départementaux en Île-de-France
. le centre socio-culturel Ricardo Bofill à Noisy-le-Grand .
. la restauration des Maisons Giquel et Daubigny à Rueil-Malmaison .
. la restauration de la mappemonde de l'école de plein Air à Suresnes .
. la restauration de l'Hôtel-Dieu à Mantes-la-Jolie .
. la restauration de l'église Saint-Louis à Fontainebleau .
. la réhabilitation d'un bâtiment de la ferme des Trois Maillets à Machault
Prix Régional
. la renaissance de la Maison de Fer à Poissy